Lettre ouverte du département des Arts du spectacle à Messieurs Jean-François Balaudé et Christophe Martin

Publié le par Carole Milleliri

A Messieurs Jean-François Balaudé et Christophe Martin, directeur et directeur adjoint de l’UFR PHILLIA

 

Monsieur le Directeur, Monsieur le Directeur adjoint, Chers collègues,

 

Le courriel de Jean-François Balaudé, en date du 27 janvier, adressé à l’ensemble des titulaires du Département des Arts du spectacle, ne répondant pas sur le fond aux arguments avancés par notre directeur, nous nous voyons contraints de les faire connaître publiquement et de réagir.

 

La décision sur les gels de poste, prise mercredi 25 janvier lors du conseil d’UFR restreint, consistant à geler et le poste de MCF cinéma laissé vacant après mutation et le support de MCF occupé pour moitié par un demi MAST en cinéma est le révélateur d’une grave crise dans notre UFR, qui interroge la confiance envers la direction. Le sujet n’est pas ici la question des gels de postes à l’université Paris Ouest, mais la manière dont il a été décidé de répondre à ces gels de postes, en frappant par deux fois le cinéma, entérinant ainsi la ligne défendue par la direction de l’UFR.

 

Cette réponse est symptomatique des arbitrages effectués entre les départements, au nom de raisonnement biaisés, se refusant à voir des réalités et des disparités flagrantes. Il en ressort que le département des Arts du spectacle se trouve particulièrement affecté par la politique actuelle de l’UFR.

 

1) La récente révision des statuts de l’UFR n’a pas corrigé les inégalités historiques envers le département des Arts du spectacle, toujours sous-représenté en conseil. Cette révision n’a pas tenu compte de décisions actées lors du précédent mandat (4 sièges étaient prévus). Avec 3 sièges, selon la proposition de l’actuelle direction, dont personne aujourd’hui ne sait quand nous pourrons en disposer, le département des Arts du spectacle possède une voix de moins que les départements de Philosophie, de Lettres Modernes et de Sciences du langage, alors qu’il s’agit du département comptant le plus d’étudiants en présentiel de PHILLIA (sur l’ensemble du L et du M, 726 étudiants rien qu’en cinéma !). Cette situation est inacceptable.

 

2) Le vote de mercredi s’est déroulé dans une situation plus révoltante encore, puisque l’un de nos élus parti en retraite n’a pas été remplacé, réduisant à peau de chagrin la voix du département des Arts du spectacle. Jamais la direction de l’UFR n’a imaginé proposer une solution pour résoudre cette situation momentanée. Elle instrumentalise, au contraire, un rapport de forces totalement déséquilibré pour défendre des choix de gels de postes qui affectent un département qui n’a aucun moyen de résister.

 

3) On sait pourtant se servir du cinéma quand il s’agit de conserver des postes au BQE ! La direction de l’UFR est allée défendre comme ultra-prioritaire la demande d’un poste PR Cinéma et, parce que cette demande était des plus légitimes, ce poste a été conservé par l’UFR. Pourtant, cette même direction n’hésite pas à considérer maintenant que ce sont deux supports touchant le cinéma qui doivent être gelés ! La lecture que nous faisons de cette contradiction est amère : tout se passe comme si la direction n’ayant pas eu d’autre choix que de défendre un support cinéma au BQE (sans cela, le support était perdu !), a profité du gel des postes pour faire corriger une décision à laquelle elle s’était rangée, par dépit. Ce sont d’autres gels de postes que l’équipe présidentielle avait suggérés. Pourquoi ne pas avoir fait entériner cette proposition tout en la dénonçant ? L’ensemble du Conseil d’UFR, les Arts du spectacle en tête, aurait soutenu la direction dans cette dénonciation et la cohésion dans l’UFR s’en serait trouvée renforcée. Par ailleurs, cette contradiction nous apparaît désastreuse pour l’UFR dans son ensemble. Comment seront reçues, à l’avenir, les demandes ultra-prioritaires de PHILLIA si elles sont aussitôt démenties en interne ?

 

4) Plusieurs disciplines de lettres et sciences humaines sont certes en difficulté à l’heure actuelle, mais les rééquilibrages internes à l’UFR, qui méritent une réflexion collective et de vraies solidarités, ne peuvent pas se faire en affaiblissant des disciplines à l’attractivité croissante ou en empêchant leur développement. Notre département conserve un nombre de titulaires très réduit alors que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter (pour exemple, les masters cinéma sont passés en 3 ans de 117 à 172 étudiants !). L’équilibre interne de l’UFR consiste-t-il à préserver l’existant au point de fermer des formations innovantes faute de titulaires pour les encadrer ? Il faudrait veiller à ce qu’aujourd’hui dans PHILLIA, certains ne soient pas « moins égaux que d’autres »…

 

5) Lors des débats de mercredi, le raisonnement défendu par la direction de l’UFR a consisté à s’appuyer uniquement sur la liste des postes vacants dans l’UFR pour constater que la 18ème section était la plus représentée. Or, ce raisonnement, totalement biaisé, repose sur un double aveuglement que nous dénonçons avec force. Jamais n’a été rappelé le nombre de titulaires de chacun des départements (uniquement 2 PR et 5 MCF pour le cinéma !), ni le nombre d’étudiants en présentiel dans chacune des disciplines. Et pour cause ! Si l’on prend en compte ces données, qui sont des faits incontestables, le déficit de titulaires en Arts du spectacle par rapport à d’autres départements apparaît colossal et n’aurait jamais dû conduire à envisager le gel du MCF Cinéma. Nous ne supportons plus que les débats internes au Conseil d’UFR ne s’appuient pas systématiquement sur des données chiffrées et fiables, révélatrices d’écarts entre les départements que la direction de l’UFR non seulement retarde à essayer de combler, mais vient au contraire d’aggraver en initiant le vote de mercredi.

 

6) Pour chercher à atténuer notre exaspération, la direction de l’UFR nous dit qu’un poste gelé n’est pas un poste perdu et qu’un support de MCF sera trouvé pour reconduire les contrats du PAST et du MAST. Comment penser que nous puissions nous contenter de perspectives aussi virtuelles ? Une seule réalité est tangible pour le moment : le gel des deux postes aura des conséquences immédiates sur la qualité du travail de l’équipe pédagogique pour l’année prochaine. La suppression du demi-MAST cinéma est particulièrement inquiétante : elle aura pour conséquence catastrophique la fermeture du Master 2 Professionnel « scénario et écritures audiovisuelles », un Master unique en son genre dans l’Université française, que toujours plus d’étudiants cherchent à intégrer. Cela a été dit lors des débats de mercredi, mais la direction de l’UFR n’a pas voulu l’entendre.

 

Pour toutes ces raisons, c’est avec lassitude et colère que nous affirmons que pour le département des Arts du spectacle, il n’est plus possible de continuer à travailler dans ces conditions dans l’UFR PHILLIA.

 

C’est pourquoi nous exigeons désormais, au-delà des vagues promesses, des engagements précis, écrits et publics visant :

- à dégeler immédiatement le poste de MCF cinéma qui devra donc être rétabli sans délai ;

- à assurer dès aujourd’hui la pérennité du Master 2 Professionnel « Scénario et écritures audiovisuelles » en reconduisant notre collègue scénariste sur son contrat de demi-MAST ;

- à garantir dans le futur le redéploiement de postes vers les Arts du spectacle ;

- à rétablir, dans la représentation des composantes au conseil d’UFR, cette équité dont vous êtes si « soucieux », équité qui devra naturellement prendre en compte les effectifs.

 

Les enseignants du Département Arts du spectacle :

 

Claire Barré-Barrouyer, Jean-Louis Besson, Christian Biet, Litsa Boudalika, Fabien Boully, Charlotte Bouteille-Meister, Jean-Albert Bron, Marguerite Chabrol, Annie Comolli, Antoine de Baecque, Rose-Marie Godier, Anne-Violaine Houcke, Jean Jourdheuil, Tiphaine Karsenti, Alain Kleinberger, David Lescot, Carole Milleliri, Thomas Pillard, Sabine Quiriconi, Gilles Remillet, Jean-Marie Roth, Jean Roy, Laurence Schifano,

Publié dans Mobilisations

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